L’installation in situ Trópico Entrópico de Felipe Arturo s’inscrit dans une série d’œuvres intitulées Post-Colonial Floors qui ouvrent une réflexion sur les processus d’acculturation.
Pour la réalisation de cette sculpture en sucre blanc et brun, l’artiste s’est inspiré d’un motif de mosaïque noir et blanc créé au XIXe siècle par les colons portugais pour évoquer la rencontre des eaux près de Manaus, au Brésil. Dans ce confluent, les eaux, respectivement de couleurs ocre et noires ne se mélangent pas sur plusieurs kilomètres. Ce motif bicolore très répandu en Amérique Latine, devient ici une métaphore de l’assimilation culturelle provoquée par la colonisation.
Le choix du sucre n’est pas anodin car il renvoie à l’exploitation des ressources naturelles, qui a constitué la principale motivation des empires coloniaux. Fragile, interactive et évolutive, elle propose de « penser la colonisation du continent américain comme un lent processus d’entropie culturelle ». Dans un équilibre précaire, le sucre blanc et le sucre brun forment des ondes différentes, adjacentes, créant un motif amené à évoluer, à se mélanger, à s’homogénéiser au fil de l’exposition. En effet, pour Felipe Arturo, l’œuvre est terminée quand l’ordre géométrique est transformé par le public.