Mohamed Abouelouakar fait des études de cinéma à l’Institut Cinématographique de Moscou où il obtient son diplôme de réalisateur. Il s’initie également à la photographie d’art et à la peinture, et commence à exposer dans les années 1980. Les compositions picturales de l’artiste ont grandement été empreintes de son expérience cinématographique. On y retrouve également la marque de ses influences cosmopolites, notamment d’un mélange entre miniatures arabo-persanes, culture populaire marocaine, icones byzantines et récits d’inspiration religieuses ou spirituelles. Dans son Hommage à Fellini, réalisé en 2009, Abouelouakar met en scène un monde enchevêtré, symbolisé par une spirale infernale au centre de la composition qui semble happer les personnages et les objets vers le fond du tableau comme pour en représenter la chute. L’étendue de la toile est entièrement occupée par les différents éléments de son répertoire artistique : l’échelle comme symbole de l’élévation spirituelle, les échafaudages représentant le monde moderne, les cartes et échiquiers évoquant une fascination pour l’univers du jeu… L’inscription « Dolce Vita » en référence au célèbre long-métrage de Fellini, trône au cœur de la toile tel un phylactère dans la représentation d’une scène biblique témoignant ainsi de l’hommage rendu au réalisateur italien. Le langage élaboré par l’artiste est truffé de références symboliques et invite non seulement à développer l’acuité visuelle du spectateur mais également à une véritable réflexion autour de la condition de l’Homme en proie à une lutte intérieur spirituelle et morale. L’œuvre d’Abouelouakar offre une véritable réinterprétation de l’Histoire de l‘Art et de la littérature religieuse, offrant au spectateur le loisir d’y identifier des références à de grands maîtres de la peinture tel Pieter Brueghel l’Ancien ou encore Marc Chagall.