Abdoulaye Diarrassouba dit Aboudia est diplômé du Centre Technique des Arts Appliqués de Bingerville qu’il fréquente dès l’âge de 15 ans, après avoir été contraint de quitter son foyer. L’artiste a mis en place un langage iconographique tiré de la culture populaire Nouchi ainsi que du Street Art américain dont l’influence la plus palpable demeure celle de Jean Michel Basquiat.

Le travail d’Aboudia se caractérise par des compositions picturales denses dans lesquelles les plans se superposent les uns aux autres avec frénésie et spontanéité. Ainsi, le tableau Sans titre réalisée en 2013 met en scène un groupe d’enfants—dans des attitudes et des positions différentes—occupant la quasi-totalité de la toile, ne laissant ainsi que peu de place au vide. Renforcée par l’utilisation de techniques plastiques mixtes mêlant peinture, collages et inscriptions diverses, la saturation de l’espace dégage une impression d’étouffement exprimant une forme d’angoisse. L’énergie et la rapidité du trait associées à la simplicité du dessin évoquent les tableaux d’enfants et le schématisme de l’Art Brut. Le fond sombre s’oppose quant à lui aux contours de couleurs vives suggérant ainsi une contradiction entre l’état des personnages et le contexte dans lequel ils évoluent. Dans cette toile, comme dans son travail en général, Aboudia crée de l’ambigüité chez le spectateur livré à la fois au trouble et à l’excitation.  Ses inspirations cosmopolites transparaissent clairement dans son travail à travers lequel il érige un pont entre l’esthétique contemporaine occidentale et les questionnements d’une société africaine en mutation.